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Autiste et Wikipédien

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Il y a deux ans, j’ai découvert que j’appartenais au spectre autistique. Cela m’a permis de mieux comprendre comment je fonctionnais, et comment mon cerveau fonctionnait; j’ai ainsi pu analyser mes expériences passées d’un nouvel œil. Dans cet essai, je souhaite partager ce que j’ai appris au cours de ce processus, à travers mes succès, mes échecs, et de nombreuses situations que je n’ai pas comprises à l’époque, notamment au cours de mes interactions avec d’autres Wikipédiens.

Introduction

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Ceci est une photo de moi prise quand j’avais 4 ans, à l’école maternelle.

Je n’ai pas beaucoup de souvenirs de cette époque, mais mes parents se rappellent notamment que, bien que je ne fus généralement pas très enthousiaste à l’idée d’aller à l’école durant la semaine, je demandais plus souvent à y aller le samedi matin, car la plupart des autres enfants n’étaient pas là.

Je n’avais rien contre eux personnellement ; l’école était simplement plus calme le samedi. Je n’avais pas à interagir avec les autres enfants, et je n’avais pas besoin de partager les crayons, les jouets, ou même la pièce. Je pouvais faire ce que je voulais sans avoir à me soucier des autres enfants.

Je ne le savais pas à l’époque, mais il me faudrait près de 30 ans pour regarder cette anecdote sous un nouveau jour, et comprendre en quoi elle était en fait complètement logique.

Aujourd’hui

J’ai maintenant 32 ans, et beaucoup de choses ont changé. Il y a deux ans, après quelques difficultés au travail, mon compagnon a décidé de me dire qu’il soupçonnait depuis quelque temps que j’appartenais au spectre autistique. Je ne savais que très peu sur l’autisme à l’époque, mais c’était une hypothèse qui semblait expliquer beaucoup de choses, et méritait d’être explorée.

Bien sûr, le sujet avait été abordé plusieurs fois au fil des ans, notamment lors de mes études, mais toujours comme une plaisanterie, une exagération de mon comportement. Je n’avais jamais vraiment pensé que cette définition pouvait s’appliquer à moi.

L’un des problèmes est que l’autisme est généralement représenté de manière très uniforme dans la culture populaire. Les films comme Rain Man présentent des autistes savants qui, même s’ils ont des capacités extraordinaires, vivent dans un monde complètement différent, et parfois ne parlent pas du tout. Le spectre autistique est beaucoup plus large que ces exemples stéréotypés.

Au fur et à mesure de mes recherches sur le sujet, de mes lectures de livres sur l’autisme et d’autobiographies de personnes autistes, je me suis rendu compte d’à quel point mon expérience était proche de ce qui y était décrit.

Il a fallu un peu plus de temps (et quelques tests) pour obtenir une confirmation de la part d’experts. Même quand cette confirmation est arrivée, le doute était encore très présent auprès des membres de ma famille.

La question qui revenait le plus souvent était la suivante : « Pourquoi n’a-t-on pas détecté ça plus tôt ? » En effet, l’autisme est généralement remarqué à un âge beaucoup plus jeune, et apparemment j’avais réussi à me déguiser, pendant la plus grande partie de ma vie, en « neurotypique », c’est à dire quelqu’un dont le cerveau fonctionne de façon similaire à la plupart des gens.

L’hypothèse qui prévaut actuellement pour expliquer ce déguisement est basée sur un test de QI réalisé lors du processus d’évaluation. Ce test a suggéré que j’avais des capacités intellectuelles supérieures à la moyenne, qui me permettent apparemment de compenser en partie la différence de structure de mon cerveau.

Pour mieux comprendre cette explication, j’aime utiliser une analogie informatique : c’est comme si mon processeur tournait à une fréquence plus élevée que la moyenne, ce qui me permet d’émuler avec un logiciel ce que le hardware ne sait pas faire. Cette analogie illustre également ceci : combien faire tourner ce programme en permanence peut être fatigant, et pourquoi j’ai parfois besoin de me reposer en m’isolant.

Comme vous pouvez l’imaginer, se rendre compte à 31 ans que l’on est sur le spectre autistique change complètement sa perception du monde : tout paraît soudain beaucoup plus logique. J’ai beaucoup appris sur moi-même au cours des deux dernières années, et cette métacognition accrue m’a permis de regarder les évènements passés d’un œil nouveau.

Dans cet essai, je veux partager quelques unes des choses que j’ai apprises, et ma compréhension actuelle de la façon dont mon cerveau fonctionne. J’utiliserai notamment mes expériences de Wikimédien comme illustration.

Je veux commencer avec une mise en garde : l’autisme est un spectre. Il y a un dicton populaire parmi les communautés d’autistes sur internet : « Vous avez rencontré un autiste, vous avez rencontré un autiste. » Ce que je décris ici est basé sur mon expérience personnelle, et n’est pas applicable de façon universelle à toutes les personnes autistes.

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Taipei Wm2007Guillaume.jpg,” par Cary Bass, sous licence CC-By-SA 3.0 Unported, depuis Wikimedia Commons.

La photo ci-dessus a été prise lors de la conférence Wikimania 2007 à Taipei, alors que j’explorais la ville avec Cary Bass (User:Bastique) et d’autres Wikimédiens. En regardant cette photo aujourd’hui, je remarque plusieurs choses qui m’avaient échappé auparavant :

  • Dans cette photo, je porte des vêtements simples, aux couleurs plutôt neutres, parce que je n’ai absolument aucun sens de la mode.

  • Je porte deux sacs (un sac à dos et un sac photo), parce que j’emmène toujours avec moi tout un tas de choses pour être prêt pour quasiment n’importe quelle situation.

  • Je me suis assis pour changer d’objectif sur mon appareil photo. La position assise est plus stable, et réduit ainsi le risque de chute (et de casse) de mon matériel photo coûteux. J’ai appris plus tard que cette habitude d’utiliser des positions très stables était en fait une stratégie d’atténuation que j’ai développée au fil des années sans le savoir, pour compenser des problèmes d’équilibre et de coordination motrice.

Spock

Une bonne analogie pour aider à comprendre ce que ça fait d’être autiste dans une société neurotypique est de regarder M. Spock, dans la série originale Star Trek. Fils d’un père Vulcain et d’une mère humaine, Spock est techniquement à moitié humain, mais c’est son côté Vulcain qui est le plus visible lors de ses interactions avec l’équipage de l’Enterprise.

Certains des moments les plus drôles de la série sont ses discussions animées avec l’irascible docteur McCoy, qui qualifie Spock d’ « automate insensible » et d’« homme le plus dépourvu de sentiments qu’[il ait] jamais rencontré ». Ce à quoi Spock répond: « Oh, je vous remercie, docteur. » [1]

En tant que Vulcain, Spock ne vit que par la logique. Bien qu’il ressente des émotions, elles sont profondément refoulées. Sa façon de parler est très détachée, presque clinique. Les collègues de Spock le trouvent souvent dédaigneux, dépourvu d’émotions, ou tout simplement malpoli, du fait de son point de vue logique et utilitariste.

À bien des égards, les traits de Spock sont similaires à ceux de l’autisme, et de nombreuses personnes autistes s’identifient à lui. Par exemple, dans son livre Penser en images, Temple Grandin, une scientifique et auteure autiste de renom, raconte comment elle se sentait proche de Spock:

Beaucoup de gens autistes sont fans de la série télévisée Star Trek. […] Je me suis fortement identifiée avec le logique M. Spock, car son mode de pensée me semblait très proche du mien.

Je me souviens très bien d’un vieil épisode car il dépeignait un conflit entre la logique et l’émotion d’une manière que je pouvais comprendre. Un monstre tentait de fracasser la navette d’exploration avec des rochers. Un membre d’équipage avait été tué. Le logique M. Spock voulait décoller et s’échapper avant que le monstre ne détruise la navette. Les autres membres de l’équipage refusaient de quitter la surface avant d’avoir récupéré le corps du membre d’équipage mort. […]

J’étais d’accord avec Spock, mais j’ai appris que les émotions dominent souvent la logique, même si ces décisions sont dangereuses.

—Temple Grandin [2]

Dans cet exemple, et dans de nombreux autres, le filtre de perception de Spock l’empêche de comprendre les décisions humaines motivées principalement par l’émotion. Ces actions semblent stupides ou absurdes, parce que Spock les interprète à travers son œil logique. Il lui manque le contexte culturel, les normes sociales et les hypothèses tacites inconsciemment partagés par les humains.

L’inverse est également vrai : Chaque fois que les humains sont perplexes ou ennuyés par Spock, c’est parce qu’ils attendent de lui qu’il se comporte comme un humain ; ils sont souvent confrontés à une vérité plus dure qu’ils ne le souhaiteraient. Les humains interprètent le comportement de Spock à travers leur propre filtre de perception, le filtre émotionnel. Ils comprennent souvent mal ses motivations, présument la mauvaise foi, et projettent des intentions qui changent le sens des paroles et des actions du Vulcain.

Autisme

Vous avez probablement entendu parler des modèles conceptuels de communication. Dans de nombreux modèles, la communication est représentée comme la transmission d’un message entre un émetteur et un récepteur.

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Dans un modèle de communication simple, l’émetteur formule un message et le transmet au receveur, qui l’interprète. Le receveur fournit également un retour à l’émetteur.

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Si l’on applique ce modèle à une discussion orale entre deux personnes, le modèle devient plus complexe à cause de la communication non verbale. Celle-ci fait intervenir de nombreux autres signaux, tels que l’intonation, les expressions faciales et le langage corporel.

Si l’on applique ce modèle à une conversation orale, on voit rapidement toutes les possibilités de mauvaise communication : entre ce que l’émetteur pense, ce qu’il communique, ce que le récepteur entend, et ce qu’il comprend, l’information peut changer drastiquement, surtout quand on prend en compte la communication non verbale. C’est comme si les deux personnes jouaient au téléphone arabe. Le psychologue Tony Attwood l’explique ainsi :

Chaque jour, les gens font des suppositions de manière intuitive concernant ce que quelqu’un peut penser ou ressentir. La plupart du temps, on tombe juste, mais le système n’est pas sans faille. Nous ne lisons pas dans les pensées de façon parfaite. Les interactions sociales seraient tellement plus facile si les gens typiques disaient exactement ce qu’ils pensent, sans suppositions ou ambiguïté.

—Tony Attwood [3]

Si cela est le cas pour les personnes neurotypiques (les gens avec un cerveau « typique »), imaginez combien cela peut être difficile pour les autistes comme moi. Une très bonne analogie est donnée dans le film Imitation Game, inspiré de la vie d’Alan Turing, qui est présenté dans le film comme appartenant au spectre autistique.

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Photo extraite du film Imitation Game. © 2014 The Weinstein Company.

Si l’on met de côté les critiques liées à la liberté artistique et la dramatisation, l’un de mes moments préférés dans le film est quand le jeune Alan discute avec son ami Christopher de messages codés. Christopher explique la cryptographie comme des « messages que tout le monde peut voir, mais dont personne ne sait ce qu’ils signifient, sauf si l’on a la clé. »

Alan répond, très perplexe :

En quoi est-ce différent d’une discussion ? […] Quand les gens parlent entre eux, ils ne disent jamais ce qu’ils pensent, ils disent autre chose. Et on est censé comprendre exactement ce qu’ils veulent dire. Seulement, moi, je ne comprends jamais.

Les personnes autistes sont caractérisées par de nombreuses spécificités, mais l’une des plus répandues est la cécité sociale : nous avons du mal à lire les émotions des autres. Nous manquons de « Théorie de l’esprit », qui sert aux personnes neurotypiques à déterminer les états mentaux (comme les croyances et les intentions) des autres. Nous prenons souvent les choses au premier degré, parce que les sous-entendus nous échappent: il est difficile pour nous de lire entre les lignes.

Liane Holliday Willey, autiste, auteure et conférencière, l’explique ainsi :

Personne n’aurait besoin d’une théorie de l’esprit si les gens disaient simplement ce qu’ils pensent.

—Liane Holliday Willey [4]

Comment ça va ?

Dans beaucoup de langues, il existe une expression usuelle pour demander à quelqu’un comment il va, que ce soit « Comment ça va ? » en français, « How are you? » en anglais, ou « Wie geht’s? » en allemand.

Quand je suis arrivé aux États-Unis, chaque fois que quelqu’un me demandais en anglais: « How are you? » (« Comment ça va ? »), je devais faire une pause de quelques secondes pour réfléchir à la réponse. Depuis, j’ai appris que c’est une expression phatique, une question rhétorique. Si l’on me pose cette question, je donne désormais la réponse attendue : « Great, how are you? » (« Très bien, et toi, comment ça va ? »). Mon cerveau n’a besoin que de quelques millisecondes pour court-circuiter le processus de question-réponse. Mais si les gens dévient de cette salutation habituelle, ce raccourci mental ne fonctionne plus.

Il y a quelques semaines, quelqu’un de mon bureau m’a demandé: « How is your world? » (« Quoi de neuf dans ton univers ? »), et j’ai bloqué pendant quelques secondes. Afin de répondre à cette question, mon cerveau était en train de passer en revue tout ce qui se passait dans « mon univers » (et « mon univers » est immense !) ; après quelques secondes, je me suis rendu compte que j’avais seulement besoin de répondre « Great, thank you! » (« Super, merci ! »).

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Small talk” par Randall Munroe, sous licence CC-BY-NC 2.5, depuis xkcd.com.

Privilège et oreilles pointues

Ce problème de premier degré n’est qu’un exemple des nombreux défis rencontrés par les personnes autistes, et je voudrais maintenant parler de privilège neurotypique. Je suis un homme caucasien, cisgenre, et j’ai grandi dans une famille aimante de la classe moyenne d’un pays industrialisé. Par bien des égards, je suis très privilégié. Mais, en dépit de mes superpouvoirs, il n’en reste pas moins difficile d’être autiste dans une société essentiellement neurotypique.

La conséquence la plus commune que j’ai remarquée dans mon expérience, et dans les retours d’autres personnes autistes, est un sentiment d’isolement profond. Le manque de théorie de l’esprit et le risque constant de mauvaise communication font qu’il est difficile de construire des relations avec les gens. Ce n’est pas la faute de qui que ce soit en particulier ; c’est un problème plus général de manque de sensibilisation.

Imaginez que nous sommes en train de nous parler en face à face. Vous ne me connaissez pas vraiment, mais j’ai l’air sympathique, donc vous commencez à parler de choses et d’autres. Je ne dis pas grand chose, et vous avez besoin de faire avancer la discussion, notamment lors des silences inconfortables. Quand je me mets à parler, c’est d’une façon très monotone, comme si je n’y accordais pas vraiment d’importance. Vous faites plus d’efforts, par exemple en me posant des questions, mais j’hésite, j’ai du mal à maintenir le contact visuel, et je détourne mon regard sans cesse, comme si j’essayais d’inventer une réponse de toutes pièces.

Maintenant, voici ce qui est en train de se passer de mon point de vue : je suis en train de parler avec quelqu’un que je ne connais pas très bien, mais vous avez l’air sympathique. Je ne sais pas de quoi parler, alors je ne dis pas grand chose. Les petits silences ne me gênent pas : je suis content d’être en votre compagnie. Ce dont nous parlons ne m’émeut pas outre mesure, donc je parle très calmement. Vous me posez des questions, et il me faut bien entendu un certain temps pour réfléchir à la bonne réponse. Le « contact visuel » qu’on m’a enseigné à l’école me prend beaucoup de ressources mentales qui seraient bien mieux utilisées à penser à la réponse à votre question, donc de temps en temps je détourne mon regard pour mieux me concentrer.

Cet exemple illustre l’une des nombreuses situations dans lesquelles le filtre de perception de chaque personne crée une déconnexion complète entre les façons dont la situation est perçue de chaque côté.

Il y a aussi de nombreux obstacles professionnels associés au fait d’être sur le spectre autistique, et les personnes autistes sont plus touchées par le chômage que les neurotypiques [5]. J’ai la chance d’avoir pu trouver un environnement dans lequel je suis en mesure de travailler, mais de nombreux autistes ne sont pas aussi chanceux. Il est établi que les personnes occupant des postes élevés ne sont pas nécessairement les employés les plus performants, mais bien souvent ceux ayant les meilleures compétences sociales.

En gardant ça en tête, imaginez quelles sont les opportunités de carrière possibles pour quelqu’un qui ne sait pas mentir, quelqu’un pour qui faire de l’excellent travail compte beaucoup, mais qui ne s’inquiète pas de s’en attribuer le mérite, quelqu’un qui ne comprend pas les intrigues de bureau, qui non seulement fait des faux-pas sociaux et fâche ses collègues, mais en plus ne s’en rend même pas compte, quelqu’un qui est incapable de parler de la pluie et du beau temps. Imaginez cette personne, et quel genre de carrière elle peut avoir, même si elle est très bonne dans son travail.

Les discussions occasionnelles avec les collègues et les connaissances sont généralement superficielles ; les enjeux des discussions autour de la machine à café sont faibles, ce qui fait que les gens sont plus enclins à pardonner les faux-pas. Par contre, les relations amicales sont une autre paire de manches, et pour la plus grande partie de ma vie, je n’ai pas vraiment eu d’amis (sauf si l’on utilise la définition de Facebook). La maladresse sociale est généralement tolérée, mais rarement recherchée. Elle n’est pas « cool ».

La plupart de ces problèmes surviennent parce qu’il est difficile pour les neurotypiques de savoir que la personne à qui ils sont en train de parler est différente. Spock lui, avait ses oreilles pointues pour signaler qu’il n’était pas humain. Si l’équipage de l’Enterprise l’a accepté en son sein, c’est en grande partie grâce aux relations qu’il a pu nouer avec ses compagnons de bord. Ces relations auraient sans doute été plus difficiles à établir si l’équipage n’avait pas su en quoi Spock était différent.

La communication par ordinateur

Je voudrais revenir à ce modèle conceptuel de la communication. Imaginez comment ce modèle change si, au lieu de discuter en face à face, il s’agit d’une discussion par internet : par e-mail, sur un wiki, ou sur IRC. Tous ces moyens de communication, bien connus des Wikimédiens, font appel à l’écriture, et sont généralement asynchrones. Pour de nombreux neurotypiques, ces moyens de communication sont frustrants, car ils font disparaitre la plupart des signaux non verbaux habituels comme le ton, les expressions faciales et le langage corporel.

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Dans les discussions par internet, la plupart des signaux non verbaux disparaissent, pour ne laisser que les mots. Cette limitation peut être frustrante pour les personnes neurotypiques, mais elle se rapproche beaucoup plus du modèle de communication natif des personnes autistes.

Toutefois, ce modèle de communication par ordinateur est beaucoup plus proche du modèle de communication des autistes comme moi. Il n’y a aucune communication non verbale à décrypter ; il y a moins d’interaction et d’anxiété sociale ; et généralement, l’environnement est connu. Il y a beaucoup moins de signaux à traiter, et ceux qui subsistent ne sont que des mots : certes, leur signification varie, mais elle est beaucoup plus codifiée et plus fiable que les signaux non verbaux.

Les communications par internet asynchrones donnent également plus de temps de réflexion pour élaborer une réponse avec attention. Contrairement aux discussions de vive voix, qui sont immédiates et irréversibles, un texte peut être méticuleusement modifié, reformulé, ou réécrit jusqu’à ce qu’il dise exactement ce que l’on veut dire ; alors seulement, on peut décider de l’envoyer. Ceci est vrai des moyens asynchrones comme l’e-mail et les wikis, mais également dans une certaine mesure des moyens semi-synchrones comme la messagerie instantanée ou IRC.

Cela dit, tout n’est pas rose quand on communique par internet. Par exemple, même en ligne, il reste très difficile pour les personnes autistes de lire entre les lignes. Nous avons tendance à être très honnêtes, ce qui n’est pas forcément apprécié, que ce soit sur internet ou ailleurs. Les personnes autistes sont également plus susceptibles d’être victimes de trollage, et ne se rendent pas toujours compte que la façon dont les gens se comportent sur internet n’est pas obligatoirement la même que dans le monde physique. La communication par l’internet tend à désensibiliser les utilisateurs ; les personnes autistes qui ont tendance à émuler les comportements neurotypiques pour s’intégrer risquent ainsi de reproduire des comportements qui ne sont pas acceptables, quel que soit le lieu.

Autisme dans la communauté Wikimedia

Un exemple majeur de communication en ligne à grande échelle est le mouvement Wikimedia. À première vue, les sites Wikimedia, et Wikipédia en particulier, offrent une plate-forme de choix pour qui souhaite soigneusement compiler des faits sur son obsession favorite, ou corriger méthodiquement la même erreur grammaticale encore et encore, tout en limitant les interactions sociales. Wikipedia semble être un appeau à autistes parfait.

Par exemple, ma première modification, il y a dix ans, a été de corriger une faute d’orthographe. La deuxième, une faute de conjugaison. La troisième, une faute d’orthographe et une faute de conjugaison. C’est comme ça que mon voyage de Wikipédien a commencé.

Les Wikipédiens vénèrent les citations, les références et la vérifiabilité ; les faits sont rois, et l’interprétation est taboue. Du moins tant que l’on reste dans l’espace principal. Dès que l’on quitte les articles encyclopédiques et que l’on s’aventure dans les pages de discussion et autres « bistros » Wikipédiens, ces exigences ne s’appliquent plus. Les discussions entre Wikipédiens regorgent d’opinions, d’exagérations, et de déclarations non sourcées.

À tout ceci s’ajoutent les difficultés mentionnées plus tôt. En tant qu’autiste, il peut être difficile de lâcher prise au cours des débats et des disputes sur des sujets qui nous tiennent à cœur. On dit souvent que les personnes autistes manquent d’empathie, ce qui donne l’impression que nous sommes des robots dépourvus d’émotions. Cependant, il faut faire la différence entre la capacité à lire les sentiments de la personne en face de nous, et le fait d’éprouver de la compassion pour cette personne. Les personnes neurotypiques possèdent des neurones miroirs, qui leur font ressentir ce que la personne en face d’elles ressent ; les personnes autistes en possèdent beaucoup moins, ce qui signifie qu’elles ont besoin de scruter les signaux et d’essayer de comprendre ce que l’interlocuteur ressent. Elles n’en restent pas moins des personnes avec des émotions.

Pour en savoir plus sur l’autisme au sein de la communauté Wikimedia, je vous invite à lire un excellent essai sur Wikipedia en anglais. J’apprécie notamment beaucoup le fait que ce texte évite la pathologisation de l’autisme, et insiste plutôt sur le concept de neurodiversité, c’est à dire présenter l’autisme comme une différence, pas une maladie.

Conclusion

Steve Silberman, qui a écrit un livre sur l’histoire de l’autisme, explique le concept de neurodiversité de la façon suivante :

Une façon de comprendre la neurodiversité est de penser en termes de systèmes d’exploitation humains : Le fait qu’un PC n’utilise pas Windows ne veut pas dire qu’il est cassé.

D’un point de vue autiste, le cerveau humain normal est facilement distrait, social à l’obsession, et souffre d’un manque d’attention au détail.

—Steve Silberman [6]

Malgré tout, être autiste a un coût, et parfois, lors de nos interactions, vous vous sentirez vexé. Parfois, vous vous sentirez frustrés. Et parfois, vous vous direz « Waouh, je n’aurais jamais pensé à faire ça comme ça ».

Comme je l’ai mentionné plus tôt, je pense que Spock n’a été en mesure de construire une relation avec ses collègues au fil du temps que parce qu’ils étaient au courant de sa différence, et qu’ils ont appris à la comprendre et à l’adopter. Spock a également beaucoup appris des humains en cours de route.

Mon but ici était de faire prendre conscience de cette différence qui existe au sein de notre communauté, et de nous encourager à discuter de nos différences plus ouvertement, afin d’améliorer notre compréhension mutuelle.

Dans cet essai, j’ai laissé de côté de nombreux points que je développerai peut-être plus tard. En attendant, n’hésitez pas à continuer cette discussion, que ce soit en venant me parler en personne ou sur internet.

Longue vie et prospérité. 🖖

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ISS-42 Samantha Cristoforetti Leonard Nimoy tribute,” by NASA, in the Public domain, from Wikimedia Commons.

42 812 photos

42 812. C’est le nombre de fichiers qui résident actuellement dans mon dossier « photos ». Ces images représentent le résultat de sept années de photographie, sur trois continents, et sont témoins de l’évolution au fil des ans de mes goûts, mon degré d’expérience et mon matériel. Cette mosaïque marque l’inauguration de la partie « galerie » de ce site, où je vais partager les photos que j’aime le plus.

Pour être honnête, un grand nombre de photos qui occupent mon disque dur sont similaires. Je prends souvent des séries de photos quasi identiques afin d’augmenter la probabilité qu’il y en aura au moins une d’acceptable dans le lot. C’est notamment le cas, par exemple, lorsque je prends des photos dans un endroit peu éclairé, ou lorsque je photographie un sujet en mouvement, que ce soit un avion qui voltige, un écureuil qui court ou un politicien qui discourt. Il y a aussi de réels doublons dus à des conversions de format.

Cela n’en reste pas moins une quantité impressionnante de photos, que je suis petit à petit en train de trier, noter, cataloguer, décrire, géolocaliser et télécharger (principalement sur Wikimedia Commons). J’ai remarqué qu’avoir une routine m’aide à avancer, par exemple en consacrant quelques heures par semaine à cette activité. Cependant, cela peut devenir une tâche assez intense et fatigante, et je suis probablement plus susceptible de suivre cette routine si je m’y attelle moins longtemps, mais plus souvent.

J’ai donc décidé d’ouvrir un espace galerie sur ce site, où je vais poster mes photos plusieurs fois par semaine (à terme, peut-être tous les jours, mais je vais commencer plus doucement).

Pour inaugurer cette galerie, il m’a semblé approprié de commencer avec un échantillon représentatif du travail que j’ai fait jusqu’à ce jour. J’ai donc créé une photomosaïque, c’est à dire une photo composée de milliers de photos plus petites, choisies pour leurs couleurs et composition de manière à reconstruire le sujet et les couleurs d’une image plus grande.

Photomosaïque montrant des "Painted Ladies"

La mosaïque ci-dessus montre les « Painted Ladies » (littéralement, les « Dames Peintes », en anglais), de célèbres maisons victoriennes situées ici près d’Alamo Square, à San Francisco. L’image est composée de 22 059 photos, piochées automatiquement par un programme parmi les 42 812. J’ai utilisé l’excellent logiciel (libre) Metapixel afin de préparer les images et d’assembler la mosaïque. La photo d’origine, que j’ai prise en juin 2010, est ci-dessous pour comparaison.

Photograph of the Painted Ladies, 6 painted Victorian houses located at Alamo Square in San Francisco

Image d’origine, prise avec un appareil photo compact.

La photo d’origine est plutôt ordinaire, et pourtant j’aime beaucoup la mosaïque qui en a découlé. La mosaïque transforme presque l’image en un tableau pointilliste, ce qui la rend bien plus intéressante. Les couleurs de la mosaïque apparaissent un peu délavées, mais cela contribue à l’illusion qu’il s’agit d’une peinture.

Comme c’est la première fois que je réalise une photomosaïque, j’ai joué un peu avec les paramètres techniques, sans toutefois chercher à les optimiser au maximum. Par exemple, les petites images qui composent la mosaïque sont toutes carrées, quel qu’ai été leur rapport d’aspect d’origine (format 3:2 ou 2:3, ou 4:3 pour mes photos les plus anciennes) ; par conséquent, presque toutes les images sont compressées dans une direction. Ça ne se voit pas trop à cette échelle, mais j’aimerais faire des tests de mosaïques conservant le rapport d’aspect. Il y a également une distance minimale de 50 pas entre deux images identiques, mais cela ne s’applique pas aux images d’une même série. Pour finir, j’ai légèrement favorisé la chrominance par rapport à la luminance dans l’algorithme de correspondance des couleurs.

J’ai fait quelques tentatives avec des images d’origine différentes (l’image reconstruite à partir des images plus petites). Les résultats sont encourageants et j’en ai reproduits quelques uns ci-dessous, en me limitant pour aujourd’hui à la thématique de San Francisco.

L’image ci-dessous est une mosaïque du célèbre pont de San Francisco, le Golden Gate Bridge, vu depuis la berge. Elle est composée de 11 094 images. La photo d’origine n’a mis que quelques semaines à arriver sur Wikimedia Commons.

Photographic mosaic depicting the Golden Gate bridge seen from the Presidio in San Francisco

Les résultats ne sont pas aussi bons sur des images avec des dégradés, mais la mosaïque est toutefois sympathique.

Cette mosaïque est un peu plus dynamique que celle des Painted Ladies, car l’image d’origine est plus saturée. J’aime bien la photo d’origine car elle contient des composantes rouge-vert-bleu assez fortes, mais la composante forte bleue disparaît presque dans la mosaïque. L’original contient aussi des dégradés qui sont mal retranscrits dans la mosaïque : le ciel est assez bruité, et le vignettage artistique est exacerbé, notamment dans le coin inférieur droit.

Le bruit du ciel est en partie dû à la distance minimale de 50 pas entre deux images identiques, qui génère des vagues d’images se répétant avec la même fréquence. Il est possible d’augmenter la distance minimale pour rendre les vagues moins visibles, mais cela augmente également le temps de calcul nécessaire à la création de la mosaïque.

La troisième (et dernière) mosaïque ci-dessous montre les mêmes problèmes de dégradés et de vagues d’images se répétant ; vous pouvez la comparer à l’original. Cependant, cette image met en évidence quelque chose qui n’est pas flagrant dans l’image précédente, à savoir la qualité de l’algorithme de correspondance de Metapixel. Il retranscrit en effet de façon impressionnante le système de suspension du pont, où l’on peut même voir les câbles. Pour finir, j’aime aussi le grain ajouté par la mosaïque à la chaîne et aux poteaux rouillés au premier plan.

A photographic mosaic depicting the Golden Gate bridge

Grâce à l’algorithme de correspondance de Metapixel, on peut voir le système de suspension et les câbles du pont.

Pour résumer, j’aime bien l’extension de créativité fournie par les photomosaïques, et je continuerai probablement à jouer avec ce support à l’avenir. Mais pour le moment, après cette introduction, je vais me tourner vers les photos individuelles, qui ne sont que vaguement visibles dans ces mosaïques. Lorsque j’examinais les versions très haute résolution des mosaïques, j’ai beaucoup aimé redécouvrir des photos que j’avais depuis oubliées ; j’espère que vous les apprécierez également au fur et à mesure que je les partage dans cette galerie.

Open Advice

Le livre Open Advice (dont le titre pourrait être traduit par « Conseils libres ») est un recueil d’essais et de retours d’expérience compilés par la communauté du logiciel libre. Il est maintenant officiellement disponible, et contient notamment un chapitre que j’ai écrit sur l’ergonomie logicielle.

Open Advice est le fruit de la collaboration d’une cinquantaine d’auteurs, provenant de nombreuses communautés du logiciel libre, et rassemblés par Lydia Pintscher, qui a lancé le projet début 2011. Le livre a été officiellement lancé lors du FOSDEM ce week-end.

Un an et 380 pages après le premier e-mail échangé, le livre est maintenant disponible, et tente de répondre à la question : Avec le recul, qu’auriez-vous voulu savoir quand vous avez commencé à contribuer à la communauté du libre ?

Les auteurs proposent des réponses à cette question sur des sujets aussi variés que « Comment écrire un patch », « la documentation pour les nouveaux », les modèles d’entreprise du libre, l’organisation de conférences, la traduction, le design, etc.

J’ai contribué à la rédaction du livre avec un chapitre consacré à l’expérience utilisateur et les tests d’ergonomie. D’autres membres de la communauté Wikimedia, tels qu’Evan Prodromou, Markus Krötzsch et Felipe Ortega, ont également participé au livre. Plus d’informations sur le livre et les auteurs sont disponibles sur le site web du livre.

Le contenu du livre est intégralement placé sous la même licence (libre) que Wikipedia, à savoir la licence Creative Commons Attribution Share-Alike.

Vous pouvez dès maintenant télécharger le livre gratuitement au format PDF, ou commander une version papier depuis lulu.com.

Le livre n’est pour l’instant disponible qu’en anglais, mais puisqu’il est sous licence libre, vous pouvez aussi le forker sur GitHub et commencer une traduction en français. (Et si vous le faites, ça m’intéresse de le savoir !)

J’espère que le livre vous sera utile, que vous soyez nouveau dans la communauté du logiciel, ou que vous soyez un contributeur confirmé.

Rencontres Wikimedia 2010

Il y a quelques jours, j’ai assisté à la conférence « GLAM-WIKI (FR) » à Paris, dont l’objectif était de bâtir des relations et des partenariats entre le mouvement Wikimedia et le secteur culturel, qui partagent une mission de diffusion de la connaissance.

Cette conférence, appelée « Rencontres Wikimedia 2010 » en français, était la deuxième édition d’un colloque Wikimedia annuel qui se cherche encore (ce qui est naturel pour un évènement si jeune) ; le colloque précédent de 2007 visait davantage le monde universitaire et les « experts ».

« GLAM-WIKI » est le nom d’une séries de conférences, débutées en 2009 à Canberra (Australie), et suivie de celle de Londres il y a quelques semaines. Les institutions culturelles sont appelées « GLAM » dans le milieu, un acronyme pour galleries, libraries, archives and museums : galeries, bibliothèques, archives et musées. Je leur préfère le nom de « memory institutions », également utilisé en anglais.

Une conférence introductive efficace

Le programme était intéressant, en proposant de bonnes synthèses sur Wikipedia, Wikimedia, et quelques initiatives et partenariats réalisés pendant les dernières années. Il s’agissait de « panels » et de présentations (la traduction en français par  « tables rondes » est assez maladroite).

Même si, au final, le programme visait davantage les représentants des organismes culturels, certaines sessions m’ont également été utiles (en tant que bénévole Wikimédien, et d’employé de la Wikimedia Foundation), notamment celle sur les métadonnées. C’est un domaine que je n’ai pu qu’effleurer lors du Multimedia usability project, mais auquel j’espère pouvoir consacrer du temps en 2011.

D’autres présentations étaient d’excellente qualité, comme celle de Ian Padgham, du SFMOMA. Sa présentation originale mais efficace consistait d’une bande dessinée (par lui) et a été donnée un français impeccable, coloré et très drôle. Ce fut rafraîchissant après deux jours de présentations plus formelles.

La salle, dans les locaux de l’Assemblée Nationale, était particulièrement accueillante. Quelques détails logistiques, tels que l’absence de prises électriques, ou l’absence des horaires dans le « Programme » en téléchargement sur le site officiel, ont provoqué des frustrations. D’un autre côté, on nous a rachetés avec des macarons.

La traduction simultanée en anglais ou en français (selon que l’orateur parlait dans une langue ou dans l’autre) était apparemment de très bonne qualité et a permis à tous les participants de profiter de cette conférence bilingue.

Futures éditions : davantage de rencontres

Si j’avais un conseil à donner pour l’organisation d’un évènement similaire à l’avenir, ce serait de plus mettre l’accent sur l’aspect « rencontres ».

Je conçois parfaitement que ce type d’évènement ait été une première en France, et que par conséquent le but était davantage de « planter la graine » que de réellement tisser des liens et faire fructifier des partenariats. Il est donc normal qu’une approche « introductive » ait été choisie cette année. Les conseils qui suivent s’adressent donc principalement aux organisateurs des prochaines éditions.

Bien qu’ils aient semblé être en minorité, de nombreux Wikimédiens s’étaient déplacés pour assister à cette conférence, certains venus d’autres pays. Je trouve dommage qu’il n’y ait pas eu davantage d’opportunités de réelles rencontres et d’ateliers.

En comparaison, l’atelier Wikimedia de la conférence « Museums and the Web » en avril 2010 avait vraiment permis aux membres des deux communautés de se rencontrer, au travers de discussions en petits groupes sur des sujets particuliers.

L’absence de badges nominatifs n’a pas non plus facilité de réelles rencontres. Sans badge, difficile de démarrer une conversation avec un inconnu lors des pauses café, par exemple. Une liste des participants, comprenant leur affiliation et leur adresse e-mail (avec leur accord préalable) aurait également été bienvenue.

Par ailleurs, il n’est pas très pratique de devoir s’organiser soi-même pour déjeuner, surtout en une heure et quart (ramenés à moins d’une heure avec les retards accumulés), pendant que les « VIP » (organisateurs et intervenants) déjeunent à l’étage. Je pense qu’une large majorité des participants aurait accepté de participer financièrement en échange d’un déjeûner-buffet sur place, en particulier nos collègues non francophones.

En résumé, l’évènement était sympathique et assez utile, et j’espère voir de futures éditions avoir lieu qui permettront des rencontres plus concrètes.

{{Référence nécessaire}}

Où l’on explique que participer à Wikipedia incite, sans que l’on s’en rende obligatoirement compte, à développer et utiliser son esprit critique

Ça a commencé par une mention courte dans certains articles de Wikipedia : [citation needed]. En français, [référence nécessaire]. Ces deux mots, ajoutés à la suite d’affirmations particulièrement sujettes à caution, servent à indiquer qu’aucune source n’est pour le moment fournie concernant la provenance de cette information.

Wikipedia étant modifiable par tout internaute, il est important de préciser ces sources, car elles permettent au lecteur d’évaluer la fiabilité du contenu.

C’est ensuite devenu une private joke, une blague comprise uniquement des initiés. On a ainsi vu des autocollants [citation needed] apposés sur des affiches, dans la rue, à la suite d’affirmations particulièrement péremptoires.

Panneau publicitaire représentant un burger. La publicité comporte un texte vantant les mérites du burger. Un autocollant avec le texte « citation needed » a été collé sur la publicité, à la suite du texte.

Burgers built with what you love (citation needed). Mira Mechtley on flickr // CC BY-SA

xkcd, une célèbre bande dessinée sur Internet, a également consacré une planche à ce sujet (l’une de mes favorites). On y voit, lors d’un discours politique, un membre de l’assemblée tendre un panneau [citation needed] à l’adresse de l’orateur, l’invitant ainsi à fournir des références pour étayer ses affirmations et ses promesses:

/images/Webcomic_xkcd_-_Wikipedian_protester_-_English.svg

Wikipedian Protester by Randall Munroe // CC BY // Vectorized by Ponor

Je pense que la volonté, parfois même la manie, d’indiquer la source des informations ajoutées dans les articles de Wikipedia a un effet profond sur ses auteurs. C’est une impression que j’ai particulièrement ressentie lors des différentes rencontres avec des Wikimédiens, de France ou d’ailleurs. Ils ont souvent les mêmes réflexes, la même tendance à immédiatement exercer leur esprit critique face à n’importe quelle information.

Malgré la quantité de reproches que l’on peut faire à Wikipedia, il est au moins une influence positive que l’on doit lui reconnaître : au milieu de la quantité d’information prémâchée, prépensée que l’on subit à la télévision, la radio et sur Internet, participer à Wikipedia incite à développer et utiliser son esprit critique. En ce sens, Wikipedia crée une nouvelle génération de citoyens éveillés, qui exercent leur esprit critique face à l’information, notamment en cherchant à savoir d’où elle vient et si elle est fiable.

Ainsi, lors de la rédaction de ma thèse de doctorat, en particulier le premier chapitre, dédié à l’analyse du contexte et du travail existant, je me suis rendu compte à quel point les habitudes de « sourçage », héritées de la rédaction d’articles dans Wikipedia, faisaient maintenant partie de ma façon d’écrire.

Je me sentais obligé de justifier toute affirmation par sa source : l’ouvrage, l’article de revue, le travail de référence qui permet à quiconque de vérifier les faits et éventuellement d’approfondir le sujet. Cette démarche paraît normal, car il s’agit de l’idéal de la rédaction scientifique ; pourtant, de nombreux livres, mémoires ou articles scientifiques ne font pas preuve de la même rigueur.

Certains pourront arguer que ce sens critique était déjà développé chez les Wikipédiens avant même qu’ils ne commencent à participer, et que cette catégorie de la population est plus facilement attirée par le concept de Wikipedia.

Si c’est le cas, j’en suis un parfait contre-exemple. Il est vrai que j’ai également bénéficié d’une formation scientifique qui encourage la rigueur d’esprit mais, scientifique ou non, avant de m’impliquer dans Wikipedia, je n’avais pas le réflexe de mettre autant en question l’information qui m’environnait.

Pour finir, je dois reconnaître que rédiger des articles dans Wikipedia n’est pas l’unique facteur de mon changement de comportement face à l’information. En effet, il faut dire qu’à force de lire et d’entendre les aberrations proférées sans relâche par les journalistes (à propos de Wikipedia notamment, mais pas seulement), ma confiance en la presse en a pris un sacré coup. Voire même, a été totalement anéantie.

Licence libre, œuvre libre de droits, droits gérés, domaine public

Où l’on tente d’expliquer, en particulier aux media, la différence entre une licence libre, une œuvre libre de redevance, le système de droits gérés et le domaine public

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En anglais, « free » signifie à la fois « libre » (comme dans freedom, liberté) et « gratuit » (comme dans free sample, échantillon gratuit). Cette ambiguïté a toujours rendu la vie difficile aux personnes qui tentent d’expliquer ce qu’est le logiciel libre ou le contenu libre. Un logiciel libre n’est pas forcément gratuit, et un logiciel gratuit n’est pas forcément libre.

Les francophones s’estiment souvent bien contents de ne pas avoir ce problème d’ambiguïté ; expliquer ce qu’est une licence libre est suffisamment compliqué pour ne pas, de surcroît, rajouter des ambiguïtés sémantiques.

Le problème est que les francophones ont leur propre ambiguïté, basée sur l’expression « libre de droits ». « Libre de droits » est une traduction de l’anglais « royalty-free » qui désigne un système de gestion des redevances, utilisé dans le domaine de l’édition et de la presse. Il s’oppose généralement au système de « droits gérés » (« rights managed », en anglais).

Aucun de ces termes n’est synonyme de « gratuit ». Il faut payer l’auteur pour utiliser une œuvre « libre de droits » ou soumise à un système de « droits gérés ». « Libre de droits » ne veut pas non plus dire « domaine public ». Tentative d’explication :

  • Œuvre « libre de droits », ou plus exactement, « libre de redevance » : chaque utilisateur paye à l’auteur, une fois pour toutes, une redevance unique. En échange, l’auteur autorise l’utilisateur à utiliser l’œuvre autant de fois qu’il veut. L’utilisateur est cependant lié par un contrat qui lui est propre ; si un autre utilisateur veut utiliser l’œuvre, il doit également s’acquitter d’une redevance envers l’auteur.

  • Œuvre soumise aux droits gérés : chaque utilisateur négocie avec l’auteur une compensation financière pour chaque utilisation.

  • Œuvre sous licence libre : l’auteur autorise explicitement tout utilisateur à réutiliser l’œuvre, autant de fois qu’il veut, pour tout usage, y compris commercial : quiconque est libre de rediffuser l’œuvre, de la modifier, de la vendre, etc. L’autorisation est donnée a priori par l’auteur, et il n’est pas nécessaire de lui demander sa permission pour utiliser l’œuvre.

  • Œuvre dans le domaine public : l’œuvre n’est plus protégée par le droit d’auteur (en France, parce que l’auteur est mort depuis plus de 70 ans). Quiconque peut donc réutiliser l’œuvre comme il lui plaît[1].

Dans les articles de presse consacrés à Wikipedia ou Wikimedia Commons, les média parlent souvent de contenu « libre de droits » quand, en réalité, ils veulent parler de licence libre. L’erreur est facile à commettre, en particulier pour les journalistes et les maisons d’édition, qui ont souvent recours au système de redevance ou de droits gérés (ou alors, ils abusent de la mention « droits réservés »). Ça n’en reste pas moins une erreur.

Aidez à rendre plus facile l’ajout d’images sur Wikipedia

Dans le cadre du projet Multimedia Usability, qui vise à rendre plus facile l’utilisation de Wikimedia Commons et le processus d’import de fichiers multimedia dans Wikipedia, je cherche des personnes habitant sur Paris ou Toulouse, disponibles cette semaine ou la semaine prochaine, qui accepteraient de me recevoir pour une courte discussion d’une heure maximum. L’objectif est que vous me montriez comment vous utilisez Commons ou quels sont les problèmes que vous rencontrez pendant son utilisation.

Je recherche en particulier des utilisateurs avec les profils suivants :

  • Utilisateurs réguliers de Commons

  • Utilisateurs de Wikipedia n’utilisant Commons que de temps en temps, ou jamais

  • Photographes utilisant d’autres sites de partage de photos (par exemple flickr) mais pas Commons.

Si cela vous intéresse, je vous invite à vous inscrire ci-dessous ou à me contacter en privé par e-mail à l’adresse gpaumier <remplacez ceci par un arobase> wikimedia.org.

Si vous avez un autre profil mais souhaitez vous inscrire, n’hésitez pas. J’aimerais souligner que l’amélioration de Commons dépend vraiment de la connaissance que nous avons des utilisateurs.

Sans votre aide, nous ne pouvons pas aller très loin. Merci d’avance !

Pourquoi ajouter des images à Wikipedia est compliqué

Vous connaissez probablement Wikipedia, le célèbre projet d’encyclopédie sur Internet, dont le contenu est librement accessible et réutilisable par tous, et rédigé par les internautes. Wikipedia est disponible dans plus de 200 langues. Vous connaissez peut-être moins Wikimedia Commons, le répertoire d’images, vidéos et sons associé à Wikipedia. Commons est un site multilingue qui héberge la plupart du contenu multimedia ensuite utilisé et affiché sur Wikipedia. Comme pour Wikipedia, les photographies, schémas, cartes, vidéos et sons qui constituent le contenu de Commons sont créés et importés par les internautes. Mais le processus d’import de fichier est actuellement extrêmement complexe.

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Cahir Castle Portcullis par Kevin King // CC-By.

Tout d’abord, la nature multilingue de Commons rend difficile les discussions entre participants. La lingua franca est naturellement l’anglais, qui est utilisé par défaut à nombre d’emplacements. Le système de classification des fichiers de Commons repose ainsi sur des catégories disponibles uniquement en anglais. Les participants qui ne sont pas à l’aise avec l’anglais sont donc rebutés par son omniprésence sur Commons.

Ensuite, la plupart des nouveaux participants n’ont aucune idée de ce qu’est une licence (libre ou non) et sont découragés par la complexité de l’interface. Alors que la plupart des autres sites de partage de photos ou vidéos proposent une interface simple, claire et efficace, Commons assaille le participant de questions visant non seulement à établir le statut légal de son fichier, mais également ce qu’il représente, où il a été créé, sa place dans le système de classification, etc.

Il est vrai que la particularité de Commons (ne proposer que du contenu librement réutilisable) rend nécessaire certaines vérifications, mais il existe des moyens plus simples de les effectuer, sans effrayer l’utilisateur avec un formulaire aussi compliqué qu’une déclaration d’impôts (j’exagère à peine).

La communauté de participants de Commons est assez particulière, au sens où elle est majoritairement constituée de participants à d’autres projets Wikimedia (tels que Wikipedia), qui souvent ne viennent sur Commons que ponctuellement, pour importer ou chercher quelques fichiers; rares sont les contributeurs qui participent vraiment activement à Commons.

Le contenu de Commons a grossi à un rythme effréné, mais la communauté de participants n’a pas suivi et se trouve actuellement dépassée par l’afflux de contenu. Ce problème n’arrive généralement pas sur Wikipedia, où le contenu grossit au même rythme que la communauté qui le rédige.

Cette différence de rythme de croissance entre le contenu et la communauté est, selon moi, à l’origine d’une large part des problèmes que rencontrent actuellement les nouveaux participants pour partager leurs fichiers.

En effet, la seule façon pour la communauté de Commons de faire face à l’afflux de contenu est de faire en sorte que les fichiers qui ne sont pas acceptables sur Commons ne soient pas importés, et que chaque fichier acceptable et téléchargé soit parfait, de sorte que la maintenance ultérieure soit réduite aux minimum (idéalement, nulle).

Pour cela, le formulaire de téléchargement recense de très nombreux cas de figure, sans se concentrer sur les plus courants. Puis, si l’utilisateur parvient à importer le fichier, il est souvent agressé par des messages automatiques lui indiquant que des informations sont manquantes (par exemple, il n’a pas ajouté de catégories permettant de classifier son image).

En ce sens, Wikimedia Commons a perdu son côté wiki, c’est à dire un site où les erreurs ou omissions des uns sont corrigées au fur et à mesure par les autres.

Il est à espérer que les améliorations techniques qui vont être apportées par le projet Multimedia usability encourageront davantage de participants à s’impliquer dans la vie et la maintenance de Commons, et que cela entraînera également, à plus long terme, un changement de comportement des utilisateurs envers les nouveaux participants.

Nouveau job : Multimedia Usability Product Manager

Vous avez peut-être remarqué une baisse significative du rythme de publication sur ce journal depuis quelques semaines. De façon générale, je ne publie un article que quand j’ai quelque chose à dire, et pas uniquement parce que c’est bon pour le pagerank. Cependant, dans les dernières semaines, ce n’est pas le manque de sujets qui m’a retenu, mais plutôt le manque de temps.

En effet, depuis le 13 octobre, je travaille à temps plein pour la Wikimedia Foundation en tant que Product manager pour le projet de Multimedia Usability. Il vise à améliorer l’ergonomie de Wikimedia Commons et du processus d’import de fichier (qui en ont bien besoin), afin de rendre plus facile la participation et le partage de fichiers multimedia sur Commons (et Wikipedia).

Photo de l'entrée du bureau de la Wikimedia Foundation à San Francisco

New Wikimedia Office 01 par Deniz Gultekin // CC-By-SA.

Sous le nom barbare de Product manager se cache tout simplement le travail consistant à analyser les besoins des utilisateurs, identifier les problèmes majeurs et élaborer les spécifications et améliorations du système ; en un mot, effectuer le design au sens large. L’implémentation logicielle est ensuite confiée à un développeur, qui constitue la deuxième moitié de l’équipe constituant le projet.

Le projet de Multimedia Usability, qui doit durer un an, est réalisé grâce à une bourse obtenue par la Wikimedia Foundation auprès de la Ford Foundation. Je travaille pour le moment à distance, en attendant de déménager à San Francisco, où sont situés les bureaux de la Wikimedia Foundation. Le déménagement devrait avoir lieu début décembre, selon le délai que mettra le visa à être approuvé.

Je suis bien entendu extrêmement content de pouvoir travailler à améliorer Commons, qui est probablement mon projet préféré. Wikipedia m’a amené à travailler sur Commons, et Commons m’a amené à vraiment m’intéresser à la photographie. Pour en savoir plus sur le projet Multimedia Usability, vous pouvez consulter l’espace dédié sur le wiki de l’équipe Usability. Tout le travail effectué et prévu y est documenté afin de permettre l’information et l’implication des personnes qui le souhaitent.

Les marronniers de Wikipedia

Une ènième discussion a resurgi, sur le bistro de Wikipedia, concernant l’application des recommandations du rapport de 1990 sur les rectifications orthographiques. Le Bistro de Wikipedia est l’espace de discussion central des participants du projet. Certains sujets y reviennent périodiquement et sont débattus sans fin par les participants. Cet article tente de recenser les plus courants.

Marronniers

Wikipedia en français définit un marronnier, en journalisme, comme :

un article d’information de faible importance meublant une période creuse, consacré à un événement récurrent et prévisible. Tout comme le marronnier (l’arbre) qui, invariablement, produit ses fruits tous les ans, le marronnier journalistique reproduit les même sujets avec plus ou moins d’originalité.

Marronnier sur Wikipedia

Sur le bistro de Wikipedia, un « marronnier » est une « discussion éternelle », un sujet maintes fois discuté, qui resurgit régulièrement du fait de l’arrivée constante de nouveaux contributeurs.

Ces discussions sont souvent de grands moments de frustration : les contributeurs inexpérimentés cherchent énergiquement à comprendre, tandis que les contributeurs plus anciens manifestent leur exaspération et ne veulent pas prendre le temps de réexpliquer à nouveau les arguments.

Marronniers du bistro

J’ai compilé une liste de ces sujets ; ils sont donnés sans ordre particulier :

  • Faut-il appliquer la réforme orthographique de 1990 ? Plus généralement, faut-il suivre les règles de l’Académie Française ? N’est-ce pas du francocentrage ?[1]

  • Pourquoi ne pas restreindre la création d’articles aux utilisateurs enregistrés ?

  • Pourquoi ne pas restreindre la modification des articles aux utilisateurs enregistrés ? Ou son homologue « Pourquoi ne pas (semi-)protéger telle catégorie d’articles ?[2]

  • Quelle longueur un article doit-il avoir ?

  • Les articles d’actualité sont-ils admissibles ? Doit-on attendre d’avoir suffisamment de recul pour les traiter ?

  • Bandeaux : où les placer ? Quelle doit être leur apparence ? Sont-ils nécessaires ?

  • Listes, annexes, données brutes, tableaux : sont-ils acceptables ? Doivent-ils être exilés dans des sous-pages ? Des espaces de noms dédiés ? D’autres projets Wikimedia ?

  • Faut-il valider les articles, mettre en place les flagged revisions ?

  • Pourquoi ne pas créer de nouveaux espaces de noms pour la maintenance, les espaces de discussion, etc. ?

  • Faut-il préférer la quantité ou la qualité des articles[1. Ce sujet est assuré de resurgir à chaque fois qu’un jalon du nombre d’articles est atteint.] ?

  • Macrons, accents et autres diacritiques : faut-il les utiliser ? Faut-il les autoriser ?[3]

  • Articles de qualité : que valent les procédures de labellisation ?[4]

  • Comment réformer les procédures de suppression de pages ?[5]

  • Faut-il autoriser la publicité sur Wikipedia ?

  • Faut-il interdire les boîtes utilisateur politiques ou, plus généralement, d’opinion ?

Ce qu’ils en disent

J’ai sélectionné quelques citations de participants à propos du phénomène des marronniers. La discussion de ce type qui revient le plus souvent est sans conteste la proposition d’obliger à la création d’un compte pour pouvoir modifier une page, dans l’objectif (illusoire) de réduire le vandalisme :

J’adore ce genre de discussion marronnier où seuls des types qui ont des comptes de contributeurs enregistrés depuis x mois proposent d’interdire à ceux qui n’en ont pas (tiens donc) de modifier l’encyclopédie.

—Kropotkine_113 (source)

Plus généralement, j’ai apprécié cet échange entre deux participants (Poulpy et Ice Scream) sur le thème précis des marronniers :

« Ben si c’est un marronnier, c’est qu’une réponse adéquate n’a pas été apportée, ou ne l’a pas été de façon efficace. »

« Non, c’est qu’il y a toujours une personne qui n’a pas suivi les autres discussions pour soulever cela. »

« Les discussions sont paumées à l’intérieur du Bistro. Il faut être d’une mauvaise foi particulièrement retorse pour exiger que tout le monde se tape trois années d’archives avant de dire quelque chose. La question revient sur le tapis régulièrement. Il devrait donc y avoir une explication type à un endroit accessible. »

—(source)

Je trouve cette dernière proposition particulièrement intéressante ; c’est d’ailleurs la solution qu’un certain nombre de nos voisins ont adoptée.

Et chez nous voisins ?

Sur Wikipedia en anglais, les marronniers ont droit à une page dédiée, appelée Perennial proposals (« propositions perpétuelles »). Certains sujets sont similaires à ceux de Wikipedia en français (orthographe américaine ou britannique, restriction des modifications aux utilisateurs enregistrés), d’autres pas (système de bienvenue automatique des nouveaux participants[6]).

On retrouve des pages similaires sur Wikipedia en espagnol, en néerlandais et en portugais. Finalement, la meilleure façon d’éviter les marronniers du bistro francophone est probablement cette solution : créer une liste des sujets régulièrement abordés (une sorte de FAQ), en résumant les arguments qui expliquent pourquoi les propositions sont toujours[7] rejetées.